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Faire le bilan carbone de ses vacances, et les compenser : toute une aventure

[Cette chronique a d’abord été publiée dans la newsletter du 04 septembre 2022Abonnez-vous]

Avant l’été je partageais mes réflexions sur l’inaction climatique. En toute logique, je me devais donc d’agir pour être moins émetteur.

Il était un peu tard pour changer nos plans mais j’ai voulu compenser les émissions carbone de mes vacances. Et ça a été rocambolesque.

Déjà il a fallu évaluer mon impact en termes d’émissions de gaz à effet de serre. Ça n’a pas été super simple, mais c’était pas le pire.

Car ensuite il a fallu trouver comment les compenser. Et là j’ai cru devenir dingue. ?

Je vous raconte les aventures de Oui-Oui au pays du Bilan Carbone. ?

Comment calculer les émissions de CO2 ?

Pour l’évaluation, j’ai choisi de faire simple. Je suis parti de tout ce que nous avons consommé pendant les vacances en considérant que c’est ça qui émet du CO2.

Nous n’avons pas spécialement acheté plus de nourriture que d’habitude et consommé essentiellement local. Peut-être un peu plus de mojitos qu’en temps normal, donc du rhum et des citrons verts qui viennent de loin, mais j’ai supposé que c’était anecdotique.

Donc l’impact des vacances c’était essentiellement les déplacements : la voiture et un peu de bateau.

Impact carbone des trajets en bateau

Commençons par le bateau.

J’ai fait quelques recherches, c’est assez émetteur comme moyen de transport, 267 g/km et par passager.

Nous avons pris 4 fois des ferry piétons pour un total de 3h45 de navigation (thématique des vacances : les grands lacs des Alpes) mais je ne connais pas le nombre de km..

Me voilà donc occupé à estimer les distances que nous avons parcourues sur les lacs.

Problème : c’est relativement facile de calculer la longueur d’une traversée en ligne droite mais nous avons deux fois pris des omnibus qui faisaient le tour des lacs, à Come puis à Annecy, et pour lesquels il est donc très difficile d’estimer la distance parcourue.

Heureusement je trouve une base d’étalonnage avec la traversée entre Constance et Meersburg, en Allemagne, qui dure 20 minutes et qui, d’après Google, fait 8,5 km.

Je vais donc utiliser cette échelle pour évaluer l’ensemble des trajets en bateau. 3h45 x 8,5 km / 20 minutes : il faut compenser 95 km de ferry, soit 25 Kg de CO2 x 2 personnes.

Passons à la voiture.

Calculer les émissions de CO2 des trajets en voiture

J’ai fait le plein avant de partir puis j’ai noté tous les pleins jusqu’au retour, ou j’ai refait le plein final. En ne comptant pas le plein initial j’ai donc ma consommation d’essence exacte.

Soit 155 litres de SP95 E10 qu’il fallait ensuite convertir en émissions de CO2.

Ok Google. « Émissions carbone SP95 »

La plupart des sites proposent d’évaluer un trajet à partir des kilomètres parcourus et d’une catégorie de véhicule et ne répondaient pas à ma question.

Heureusement, le site de l’Ademe fournit l’information.

C’est très précis, très long et très ennuyeux mais à la fin j’ai appris que chaque litre d’essence émet 2,75 Kg de CO2.

Enfin c’est pas tout à fait vrai parce que la combustion de l’essence émet du CO2, du NO2 et je ne sais plus quoi (le site de l’Ademe explique tout ça), mais ça fait l’équivalent de 2,75 Kg de CO2 en termes d’impacts sur le réchauffement.

Multiplié par 155 litres, je sais donc maintenant que ma voiture a émis 426 Kg de CO2.

Bon, au final, j’aurai pu négliger le bateau et ses 25 Kg !

Au moins j’ai la satisfaction de pouvoir dire que j’ai évalué assez finement les émissions de gaz à effet de serre de mes vacances : 476 Kg de CO2. Il suffira d’arrondir à la hausse pour couvrir les mojitos et l’électricité.

Première étape franchie. ?

Compenser ses émissions de CO2

J’arrondis à 500 pour les raisons évoquées plus haut et il n’y a plus qu’à trouver où acheter une demi-tonne de compensation carbone.

Et là, c’est la m…

Je tape dans mon moteur de recherche « compenser une émission carbone » et je trouve tout, sauf ce dont j’ai besoin.

Des sites me proposent de faire mon bilan carbone mais c’est pas ce que je cherche. Je veux compenser 1/2 t de CO2.

Près d’une heure de recherches plus tard, j’ai compris au moins ça :

  • Un crédit carbone équivaut au piégeage d’une tonne de carbone. Idéalement il me faudrait donc acheter 1/2 crédit.
  • Il existe deux sortes de crédits : ex-ante et ex-post.
  • Les deuxièmes correspondent à une réduction constatée, tandis que le crédit ex-ante correspond à une réduction prévue (par exemple, quand on plante un arbre, on comptabilise le piégeage prévu si l’arbre pousse bien, qu’il n’y a pas de sécheresse, d’incendie ou qu’il n’est pas mangé par un cerf dans sa jeunesse).  

Bref, les crédits ex-post c’est mieux, mais je ne sais toujours pas où les acheter. Ni les uns, ni les autres, d’ailleurs.

J’apprends également qu’il y a deux marchés de compensation : celui de la compensation réglementaire et celui de la compensation volontaire.

La compensation réglementée s’inscrit dans le protocole de Kyoto et est plus ou moins réservée aux états et aux grandes entreprises.

Je comprends aussi qu’on ne peut pas directement acheter de crédits carbone.

Comme simple citoyen, la seule option c’est donc la compensation volontaire, qui n’est pas réglementée (et où c’est totalement le bazar).

Compenser son impact carbone comme simple citoyen

D’un site à l’autre on me fait beaucoup la morale : plutôt que compenser une émission de CO2, le mieux c’est de la prévenir. Mais une fois qu’ils sont émis j’ai toujours pas trouvé comment les compenser.

Finalement je tombe sur un site qui explique qu’en fait, pour la compensation volontaire, le mécanisme consiste à contribuer à la lutte contre le réchauffement en finançant des projets qui visent à piéger du carbone ou à réduire les émissions existantes.

Ok. Contribuons, donc. Je trouve un autre site qui propose une carte des projets à financer en France mais … elle est vide. ??‍♂️

Deux heures plus tard me voici sur le site de la fondation GoodPlanet. Ça a l’air sérieux, je vais passer par eux.

Pas si vite papillon.

On me propose de faire un don ou de calculer mon empreinte carbone.

J’ai déjà fait le calcul donc je veux juste financer un projet à hauteur de mon impact.

Sauf que le bouton « contribuer » me demande combien d’euros je veux mettre, pas combien de tonnes de CO2 je veux compenser.

Il me faut donc un prix.

Il n’y a pas de prix officiel pour une tonne de CO2

Google de nouveau … et je découvre qu’il n’y a pas de prix pour une tonne de CO2.

Enfin plutôt si, il y a un prix sur le marché réglementé mais pas sur le marché de la compensation volontaire.

Ce sont des associations qui proposent des projets à financer, et chacune fixe à sa guise le montant de contribution qu’elle demande… pour un impact déterminé par la nature du projet.

C’est donc extrêmement variable. Et opaque.

Retour au site de la fondation Good Planet. La rubrique FAQ m’apprend qu’ils ont quant à eux fixé en AG le prix de la tonne à 22€, dont 71% vont sur le terrain.

71% je trouve ça peu ; j’ai été habitué à MSF dont le taux de transfert est bien plus élevé mais il est tard, je ne vais pas chipoter. En plus c’est à peu près la seule option fonctionnelle que j’ai à ce stade. Et on parle de 11€ !

J’ai donc fait un don équivalent à 1/2 tonne, avec le sentiment assez frustrant d’envoyer de l’argent par la poste à un inconnu sans avoir de contrepartie réelle mais avec la satisfaction d’être allé au bout ! ?✌️

Conclusion : mon point de vue d’entrepreneur

Le bon côté de la chose c’est que d’avoir fait autant d’effort me donne le sentiment d’être un héro

Il n’empêche, comme entrepreneur je me dis qu’il y a là des opportunités à saisir.

Sur un sujet qui concerne tellement de gens, et qui est si présent dans l’actualité, c’est quand même pas normal que ça soit si compliqué de faire un geste citoyen.

Ou alors je suis totalement passé à côté des bonnes infos et des bons plans.

En tout cas ça me fait réfléchir.

J’ai l’impression que la compensation c’est un peu comme les excuses quand on a marché sur le pied de quelqu’un.

C’est le minimum, mais ça n’empêche pas l’autre d’avoir super mal.

La prochaine fois, il faut peut-être éviter de lui marcher dessus, ou éviter d’émettre du carbone.

Pour aller plus loin :

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