Le Mythe de l’Entourage
« Vous êtes la moyenne des cinq personnes que vous fréquentez le plus »
Elle claque bien, cette petite phrase.
Et elle a son fond de vérité : notre entourage nous influence. Si tout le monde autour de moi surveille sa santé, je vais peut-être aussi finir par me demander si un peu moins de burgers et un peu plus de légumes ne me feraient pas de mal.
Mais comme beaucoup d’idées séduisantes, celle-ci peut vite tourner au cauchemar.
Certains entrepreneurs en font une obsession : pour réussir, il faudrait s’entourer exclusivement de « winners ». Plus de place ces gens «ordinaires » — ces loosers – qui n’ont pas de grand projet et n’ont jamais rêvé de lancer une startup.
Alors on se coupe petit à petit de ceux qui ne partagent pas les mêmes ambitions, ceux qui nous aiment pour ce qu’on est plutôt que pour ce qu’on fait, ceux qui peuvent nous rappeler à la réalité du monde et nous ramasser quand on trébuche.
Le slogan inspirant devient un poison mental.
L’erreur de copier la vie des autres
Le problème, c’est que cette obsession repose sur un malentendu : la croyance que côtoyer des entrepreneurs à succès vous propulsera automatiquement vers le sommet. Si c’était vrai, il suffirait de passer ses soirées à côté d’un prix Nobel pour finir savant ! C’est comme croire qu’on va absorber le talent de quelqu’un par simple imprégnation.
Ce qui fait vraiment la différence, ce n’est pas « qui » on fréquente, mais « ce qu’on regarde » chez eux. Prenons Elon Musk, par exemple. C’est facile d’admirer son succès, mais ça ne nous avancera pas beaucoup. Et puis s’il faut bien lui reconnaître du génie entrepreneurial, il n’a pas que des bons côtés non plus.
En revanche, on peut s’intéresser à des aspects bien spécifiques de sa façon de fonctionner : son apprentissage intense, sa manière de naviguer dans les obstacles, ou même son audace (qui flirte parfois avec l’imprudence, disons-le). Là, on tient des idées applicables qu’on peut adapter à sa propre vie, sans se transformer en un détestable tyran ni nommer ses enfants avec des symboles imprononçables.
Choisir ce qu’on admire, et le rendre utile
L’important, c’est de repérer des qualités précises, des comportements inspirants, et de les tester sur soi. On peut s’entraîner à la ténacité d’un tel, à la prise de décision rapide d’un autre, ou encore à la curiosité d’un troisième. La question devient alors : « Comment réagirait-il à ma place ? Que ferait-il face à un obstacle similaire ? »
L’idée n’est pas de copier la vie de quelqu’un d’autre, mais d’enrichir la nôtre.
Voyez ça comme un buffet : on prend ce qui nous plaît, ce qui est sain et nous nourrit, et on laisse de côté le reste.
Dépasser les frontière du temps et de l’espace
Et puis, l’entourage n’a pas besoin de se limiter aux gens qu’on côtoie physiquement.
On peut aussi cultiver des fréquentations immatérielles : lire les textes des grands penseurs, s’abonner aux blogs de ceux qui réfléchissent le monde, écouter nos modèles lorsqu’ils font des podcasts, se plonger dans leur histoire. Ça ouvre des horizons bien plus vastes et permet de s’inspirer des morts autant que des vivants. On peut apprendre de Benjamin Franklin sa discipline, de Marc Aurèle sa sagesse face aux épreuves. Les influences sont partout, parfois dans les rayons d’une bibliothèque, parfois à deux clics d’un podcast.
Enrichir son entourage pour élargir sa vision
Développer son capital d’expérience et ses modèles mentaux au contact des autres est un levier précieux pour affronter les difficultés de la vie entrepreneuriale.
Pour autant il ne s’agit pas de réduire son entourage aux seuls « gagnants » visibles et vivants. Il s’agit de choisir, consciemment, ce qu’on admire et ce qu’on veut s’approprier. La richesse de notre cercle dépend de notre capacité à y intégrer ce qui élève notre réflexion, sans se laisser enfermer dans des schémas rigides.
Parce qu’au fond, la vraie question, ce n’est pas seulement « qui on fréquente », mais ce qu’on choisit d’en retirer.
Qu’est-ce que vous admirez chez quelqu’un que vous détestez ou méprisez ?
Que pourriez-vous apprendre de lui, ou d’elle ?