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Le printemps est déjà là, en germe

[extrait de la newsletter du 10 octobre 2021]

Hier j’étais bien embêté quand j’ai commencé à préparer cet article hebdomadaire. J’avais à la fois trop de matière, et pas de sujet. Dans ma veille de la semaine j’avais repéré plein de petites choses intéressantes mais je ne savais plus choisir.

D’un coté il y avait les sujets sur le télétravail. Thème déjà largement rebattu et dont je n’avais pas spécialement envie de faire mon sujet mais l’accumulation des signaux faibles me semblait importante :

Largement de quoi faire un sujet, donc, mais … je n’en avais pas envie, d’une part, et, d’autre part, j’avais aussi relevé plusieurs signaux autour des marques de vêtements qui se débattent avec les enjeux de consommation durable et l’évolution des attentes de leurs consommateurs :

Trois initiatives qui ne datent pas de cette semaine mais qui, curieusement, ont surgi la même semaine dans ma veille.

Cela m’a rappelé les explications de François Jullien sur les transformations silencieuses.

Nous pensons le changement comme une rupture, marquée par des événements : la prise de la Bastille, le débarquement en Normandie, la libération de Paris. Mais la révolution française ou la chute de l’Allemagne Nazie sont des processus longs qui ne commencent ni ne finissent avec les événements symboliques auxquels on les associe.

Faisant l’aller-retour entre la pensée occidentale et grecque, et la pensée chinoise, le philosophe nous invite à penser la neige qui fond : elle n’est tout à fait ni neige, ni eau et l’on ne peut pas dire à quel moment elle passe d’un état à l’autre.

La transformation est un mélange de continuité et de changement, qui s’opère dans le silence des jours, imperceptiblement, jusqu’au moment de son «affleurement sonore». Un divorce, par exemple, n’est que l’émergence bruyante d’une situation qui s’est lentement transformée par une accumulation de silences, de renoncements, d’absences.

Selon lui c’est la tradition grecque du déterminé (une chose est ou n’est pas), de l’épopée (les choses adviennent lorsque le héro sort du rang et tranche le fil du destin) et du Kairos, l’instant décisif, qui nous mène à penser le changement en termes d’événements.

Sans renoncer à la capacité occidentale à modéliser le futur et à organiser l’action, il nous invite à enrichir notre pensée en considérant aussi sa nature continue et globale, à la manière des chinois.

Ceux-ci fêtent le printemps en Janvier, quand aucun bourgeon n’est encore apparent. Car lorsque tout devient soudainement vert, le printemps est déjà là : affleurement évident d’une transformation silencieuse qui a commencé au cœur de l’hiver.

Ces brèves de la semaine sont comme les bourgeons d’un monde qui a déjà changé. Et pendant ce temps, dans le monde et dans nos entreprises, quelles transformations se préparent, silencieusement ?

Pour aller plus loin :


Ce texte a été originellement publié dans L’hebdo de Mille Mentors, le petit mail qui fait du bien le dimanche soir : une réflexion comme celle-ci, inspirée par l’actualité de la semaine, puis quelques pépites relevées dans ma veille et une pastille détente. Pour en profiter chaque semaine en avant-première, abonnez-vous.

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