Accueil » Blog » Les quatre cadrans d’un.e dirigeant.e
woman with a sign

Les quatre cadrans d’un.e dirigeant.e

[Cet article a été initialement publié dans la newsletter du 27 février 2022]

À chaque fois que j’anime des séminaires ou des formations avec de nouveaux managers, je leur pose la question : « qu’attend-t-on de vous ? ». En général on me parle de vision, de motivation, de bien-être ou de reporting.

C’est difficile d’être un bon manager quand on ne sait pas ce qui est attendu de nous ? 

Je rapporte de mes vacances en Haute-Savoie un nouveau modèle mental sur le management et la direction d’entreprise. Un modèle qui éclaire ce qu’on attend d’un manager.

Rien à voir avec le ski mais c’est sur un télésiège que j’ai réalisé l’erreur que je propageais depuis plusieurs années… et que j’ai alors conceptualisé ce nouveau modèle. Tout frais. Qui demande encore à être éprouvé et affiné mais que je vous partage en avant-première.

Mes sources et mon erreur

Mes modèles mentaux à propos du management viennent principalement de Peter Drucker, puis, dans une moindre mesure, d’Ichak Adizes, de Patrick Lencioni et de Cédric Watine.

À leur contact j’ai longtemps cru qu’il y a deux dimensions fondamentales dans le rôle de manager, alors qu’il y en a 4.

Pourtant, à bien y regarder, tout était déjà présent chez Drucker (l’écrivain autrichien, pas le présentateur télé français).

Commençons par un récapitulatif rapide de ce que j’avais retenu et modélisé jusqu’ici :

Peter Drucker dit que l’objectif de toute organisation, commerciale ou non, est de créer et conserver des clients. Un hôpital qui ne soigne personne n’a pas de raison d’être. Une église qui n’accueille aucun fidèle, non plus. Une entreprise qui n’a pas de clients ne sert à rien.

C’est pourquoi Drucker déclare que les seules fonctions de l’entreprise qui créent de la valeur sont le marketing et l’innovation. Ce sont celles qui permettent de créer et de garder des clients.

Il explique dans le même mouvement que la profitabilité est nécessaire mais n’est pas une fin en soi.

Elle est nécessaire car toute activité nécessite d’immobiliser du capital, ne serait-ce que comme fond de roulement, et que ce capital doit être rémunéré ou il va s’investir ailleurs, privant l’entreprise de ses ressources. Elle est également nécessaire car toute activité subit une inexorable érosion compétitive et qu’elle doit investir pour renouveler constamment sa position. Or c’est la rentabilité qui permet l’investissement. Mais la finalité c’est l’objet social de l’entreprise, son activité (soigner des patients, servir des clients).

J’ai aussi appris de Peter Drucker que le management apparaît quand l’organisation devient trop grande pour fonctionner comme un corps auto-organisé et qu’il est nécessaire de réduire la complexité des relations en découpant des cellules plus petites qui sont porteuses d’une mission spécifique.

Le manager est à l’interface entre cette cellule et le reste de l’organisation et ce qu’on attend de lui c’est de pouvoir compter sur l’entité qu’il dirige pour faire ce qui est attendu d’elle par le reste de l’organisation.

La mission d’une manager est donc d’obtenir des résultats. Mais pas par n’importe quel moyen.  Et notamment pas en mettant en danger le reste de l’organisation et son futur. J’ai longtemps traduit cela en disant que la mission des managers avait deux dimensions : les résultats et la sécurité.

Cédric Watine dit à peu près la même chose mais il parle des deux R du management : les Résultats et la Rétention. Si j’obtiens les résultats mais que les clients, les collaborateurs ou les fournisseurs nous fuient, je n’ai pas fait le boulot.

J’aime bien les 2R mais je trouve « Rétention » un peu limitatif et je me le suis donc réapproprié en Résultats Renouvelables.

2R. Un modèle simple et efficace pour caractériser les missions du manager.

Un modèle simple et efficace, mais incomplet.

Car j’ai réalisé cette semaine que j’avais fait une erreur assez grossière en y associant des concepts totalement différents.

Ce qu’on attend d’un manager

Reprenons, si vous le voulez bien.

On a vu que le job d’une manager c’est d’obtenir des résultats et d’être capable de les renouveler.

Il y a donc une dimension court terme et une dimension long terme.

Comme dans le marketing et l’innovation.
Comme dans le fond de roulement et l’investissement. Tout se tient.

Ou plutôt tout se tenait jusqu’à ce que je réalise mon erreur : on peut être un super manager et donner envie à ses collaborateurs de poursuivre leur carrière dans l’entreprise longtemps mais tôt ou tard ils partiront, parce que leur carrière ou leur vie de famille les mène ailleurs ou tout simplement parce qu’ils atteignent l’âge de la retraite.

La rétention ne suffit pas à assurer la poursuite de l’activité. Il faut aussi en renouveler les composantes.

Et pourtant Peter Drucker le disait bien en parlant de la rentabilité, nécessaire pour financer les investissements inévitables afin de faire face à l’érosion naturelle de tous les marchés.

Il n’y a donc pas juste un axe résultats obtenus aujourd’hui contre résultats obtenus demain. Il y a également un axe résultats obtenus avec les ressources d’aujourd’hui et résultats obtenus avec de nouvelles ressources.

Je visualise ça comme un tableau à double entrée : résultats vs ressources, d’aujourd’hui et de demain.

Je ne sais pas si ça vous parle mais ce nouveau modèle m’excite beaucoup. Il va me permettre de revoir les fondamentaux avec un œil neuf.

4 cadrans, 4 groupes d’activités à assurer. Et toujours les mêmes outils : la relation (l’écoute, le temps), l’exigence (la clarté, le feedback), la croissance (délégation et coaching).

Et le pire dans tout ça c’est que c’était implicite chez Drucker mais carrément explicite chez Ichak Adizes avec son modèle PAEI : Performance, Administration, Entrepreneurship, Integration qui correspondent assez bien à mes 4 cases.

Comme quoi Épictète avait bien raison : « Il est impossible pour un homme d’apprendre ce qu’il pense déjà savoir »


Ce texte a été originellement publié dans L’hebdo de Mille Mentors, le petit mail qui fait du bien le dimanche soir : une réflexion comme celle-ci, inspirée par l’actualité de la semaine, puis quelques pépites relevées dans ma veille et une pastille détente. Pour en profiter chaque semaine en avant-première, abonnez-vous.

1 réflexion sur “Les quatre cadrans d’un.e dirigeant.e”

  1. Ping : Contrôle, quel contrôle ? - Mille Mentors

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Retour en haut