[Cette chronique a d’abord été publiée dans la newsletter du 3 septembre 2023. Abonnez-vous]
Les vacances, c’est toujours un moment privilégié.
On n’a pas d’urgence, pas d’échéances.
Et même si on bosse un peu, c’est plus pour mettre en ordre les idées qu’on a sur sa boîte que pour répondre aux enjeux de production du quotidien.
C’est sympa parce que ça laisse entrevoir ce que sera notre job de dirigeant quand on aura abouti, de mon point de vue, c’est-à-dire quand on aura vraiment structuré notre entreprise pour qu’on y joue un rôle comme stratège, comme dirigeant, ou que l’on intervienne pour prendre des actions sur lesquelles on a vraiment une grande valeur ajoutée, ou du plaisir, et non pas pour boucher les trous et être esclave de sa boîte.
Mais ça, c’est quand on aura réussi à structurer notre entreprise.
Et là, tout de suite, il faut reprendre le collier et il y a plein de choses à faire.
Pour bien commencer: bien s’organiser
Ça pourrait être un peu décourageant. Sauf qu’il y a aussi une satisfaction à abattre sa liste de choses à faire.
Je suis tombé cet été sur Instagram sur un post qui m’a bien fait rire : « Moi, je mets dans ma to-do, “se lever” et “prendre un café”, comme ça, je démarre la journée en ayant déjà deux victoires à mon actif.»
Blague à part, je suis pas très loin de faire un truc comme ça, car, je vais vous avouer un secret un peu honteux, parfois, je rajoute sur ma to-do des choses qui n’étaient pas sur la liste au début de la journée, mais que je suis en train de faire, qui sont significatives, et comme ça, j’aurai le plaisir, à la fin de la journée, de les barrer en me disant que finalement, j’ai fait du bon boulot aujourd’hui.
C’est un peu ridicule, mais ça montre le petit shoot de satisfaction que l’on peut tirer, effectivement, du fait de cocher les cases et de se dire « Ça y est, le boulot avance. »
C’est beaucoup plus usant quand on a passé toute la journée à enchaîner plein de réunions, qu’on a dépilé plein de mails, mais qu’à la fin de la journée, on ne sait pas dire concrètement ce qu’on a fait avancer.
Fresh start
Pour trouver et garder de l’énergie dans cette période de reprise, on a intérêt à suivre cette idée et travailler notre organisation pour avoir très clairement, chaque semaine, chaque jour, une liste de choses à faire qui nous donnent du sens, qui nous permettent de savoir où sont nos priorités.
Une bonne to-do-list fait avancer les choses et nous permet de concentrer notre action là où elle a de la valeur.
Et c’est d’autant plus propice que la rentrée, c’est un moment symbolique dans l’année, un nouveau départ.
Il y a deux ans, j’avais fait un petit résumé du livre de Katy Milkman, “How to change”. Une des idées du livre c’est que l’un des éléments les plus déterminants dans le changement, c’est le fait de convaincre notre cerveau que la situation étant différente, c’est normal qu’on se comporte différemment. Sinon, on va retomber dans nos vieux schémas de fonctionnement.
Et pour créer cette impression de nouveau départ, les dates clés dans l’année sont très utiles. Se dire « Cette année j’ai 40 ans et donc à partir de là, je change mes habitudes alimentaires » ou « Je change de boulot et donc là, je change mes habitudes de travail », c’est beaucoup plus facile et le changement tient mieux.
La rentrée: le moment idéal pour faire un « fresh start »
La rentrée scolaire est une des dates pivot dans l’année comme votre anniversaire, le 1ᵉʳ janvier, etc. qui autorisent le cerveau à se dire « Nouvelle ère, nouveaux rythmes, nouvelles habitudes. »
C’est même tellement naturel que c’est la période où on prend énormément de bonnes résolutions. Résolutions qu’on ne tient pas forcément une fois la date passée, si rien d’autre ne change.
Ce que je vous suggère pour cette rentrée, c’est de tabler sur l’effet “Fresh start”, mais de nous apporter un peu de soutien psychologique en y ajoutant ce qu’il faut pour trouver de la motivation.
Parenthèse managériale : dans les formations management que j’anime, j’explique toujours que l’on ne peut pas motiver nos collaborateurs. Comme nous, ils ont chacun leurs propres mécanismes et facteurs de motivation. Ce que l’on peut faire comme dirigeant, comme managers, c’est s’intéresser suffisamment à eux et être suffisamment plastiques dans notre définition du poste pour permettre à chaque collaborateur de trouver ses propres facteurs de motivation dans le boulot qui doit être fait pour que l’entreprise avance. On ne peut pas motiver ses équipes, mais on peut les mobiliser et faire en sorte d’avoir des équipes motivées.
Trouver des facteurs de motivation, et les mobiliser
Les travaux sur ce sujet sont nombreux, les plus connus étant ceux de Maslow, de Mac Gregor, de Herzberg et de Ryan et Deci. Et, l’un dans l’autre, ils font apparaître une quinzaine de grands facteurs de motivation intrinsèques. Pour certains, ça va être le fait d’apprendre, pour d’autres, ça va être le fait d’être utile, pour certains, ça va être le fait d’avoir de la maîtrise, pour d’autres, ça va être le fait d’avoir l’occasion de mobiliser leur intelligence, ou de travailler en harmonie … etc.
Donc, pour ancrer durablement un changement, on va jouer sur notre motivation en y ajoutant du défi, ou de l’ordre, ou de la camaraderie, ou du sens, ou de la curiosité… en y injectant des éléments qui vont rendre ce changement attractif.
Perso, l’un de mes facteurs de motivation les plus forts, c’est la curiosité, la nouveauté, le fait d’apprendre.
C’est d’ailleurs pour ça que j’ai lancé Mille Mentors en parallèle de mon entreprise principale : la stratégie de Goood voulait qu’on se resserre sur nos cœurs de métier pour être plus efficaces. Et, du coup, j’avais besoin d’un espace de liberté où j’allais pouvoir continuer à m’intéresser à plein d’autres choses à côté.
Et donc, pour moi, trouver de la motivation pour regagner en discipline et me remettre au boulot, ça passait par le fait d’apprendre de nouvelles choses, d’expérimenter une nouvelle méthode, une nouvelle organisation.
Ranger son espace pour ranger sa tête
Pour amplifier l’effet Fresh Start, j’ai commencé par ranger mes bureaux, faire table rase pour pouvoir construire un nouveau système.
Je suis rentré de vacances le 17 août et je suis retourné au boulot le lundi suivant. Ça me laissait deux jours pour vider et réorganiser mon bureau physique à la maison et mon bureau digital dans l’ordinateur.
Physiquement, j’ai commencé par déplacer les meubles dans mon bureau, à la maison, pour essayer un nouvel agencement de la pièce. J’ai accroché au mur les cadres qui traînaient le long de la bibliothèque depuis un an, trié les piles de papier et les revues: Classer, jeter, ranger. Faire place nette.
Idem dans l’ordinateur : trier et vider la liste to-do, supprimer les actions qui n’ont plus aucun sens des mois plus tard. Vider la boîte mail aussi, faire un grand ménage. Le dossier de téléchargement, et le bureau de l’ordinateur également.
Faire de la place pour des nouvelles idées, une nouvelle organisation, une nouvelle année.
Nouvelle méthode pour plus d’efficacité
J’ai ensuite expérimenté une nouvelle manière de gérer mes priorités et mon organisation. En l’occurrence, j’ai choisi l’approche PARA (Project, Areas, Ressources, Archives) de Thiago Forte.
Je ne vais pas chercher à vous la présenter ici, ça serait un peu long. Et puis c’est peut-être la bonne approche pour moi et pas du tout pour vous.
(En revanche, si ça vous intéresse dites-le moi, je pense en faire une vidéo un de ces jours. Ça me motivera si je sais que vous êtes nombreux à l’attendre 😉 )
Ce qui est important, ce qu’il faut retenir ici, c’est que j’ai utilisé ce changement de méthode pour activer mes propres facteurs de motivation et que j’ai ainsi boosté ma rentrée en mettant en place les éléments qui vont me donner de l’énergie pour avoir les premiers résultats et créer ainsi l’envie de continuer.
Ça m’a également motivé pour faire le ménage et mettre mes idées, et mes outils de travail au propre, ce qui m’a apporté de la clarté sur les priorités de cette rentrée, sur les actions à mener, sur ce qui peut attendre et ce qu’il faut que j’arrête.
Je vous en souhaite autant.
Pour aller plus loin:
Une série de 5 vidéos (en anglais) où Thiago Forté présente la méthode PARA : The Most Popular Idea I’ve Ever Invented (PARA Method) | Part 1
« Grit: The Power of Passion and Perseverance » (L’art de la niaque, en français) par Angela Duckworth: Dans ce livre, Duckworth met en avant la valeur de la persévérance et de la passion dans la réussite. Elle explique que l’effort continu et la résilience sont souvent plus déterminants pour la réussite que le talent naturel.
« Drive: The Surprising Truth About What Motivates Us » (La vérité sur ce qui nous motive, en français)par Daniel H. Pink: Ce livre explore le concept de motivation et comment notre compréhension de ce qui nous motive a évolué. Pink soutient que la motivation intrinsèque, plutôt que la récompense extrinsèque, est la clé de la créativité, de la satisfaction et de l’épanouissement.
« The Gap and the Gain » de Dan Sullivan et Benjamin Hardy explore la dynamique entre l’insatisfaction de ne pas avoir tout accompli et la satisfaction de progresser. L’auteur met en évidence comment cocher les tâches accomplies dans une liste «à faire» peut créer un sentiment de réalisation instantanée (le «Gain»), tout en rappelant que l’écart entre les attentes et la réalité (le «Gap») peut également susciter un désir constant d’amélioration. Cette pratique souligne l’importance de trouver un équilibre entre la reconnaissance des accomplissements et la motivation à poursuivre l’amélioration personnelle.
Ce texte a été originellement publié dans L’hebdo de Mille Mentors, le petit mail qui fait du bien le dimanche soir : une réflexion comme celle-ci, inspirée par l’actualité de la semaine, puis quelques pépites relevées dans ma veille et une pastille détente. Pour en profiter chaque semaine en avant-première, abonnez-vous.