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Coup de mou de fin d’année

[Cette chronique a d’abord été publiée dans la newsletter du 10 décembre 2023Abonnez-vous]

J’ai eu du mal à écrire cette dernière chronique car rien ne me semblait intéressant, ou suffisant. Puis je me suis dit que c’était peut-être ça mon sujet cette semaine : le fait que je sois un peu découragé.

La fin d’année, et le mois de décembre en particulier, sont des périodes propices aux bilans. 

Un bilan pas si positif que ça ?

Depuis quelques semaines j’ai donc commencé à faire l’état des lieux de mes projets professionnels. Et ça ne m’a pas mis dans de très bonnes dispositions : 

Du coté de Goood, mon entreprise principale, nous avons engagé, sous mon impulsion, un important travail de repositionnement marketing qui doit nous aider à établir une position stratégique beaucoup plus favorable. Sur le papier ça tient la route, c’est solide, et j’y crois. Mais sur le terrain ça met un temps infini à se déployer, j’ai l’impression de pousser une voiture embourbée : ça patine, on se fatigue, on ne voit pas vraiment les choses avancer. Évidemment, ça me fait douter de la pertinence de la direction que j’ai donnée.

Du coté de Mille Mentors, j’ai enfin développé, depuis cet été, une idée claire de la trajectoire que je veux donner à ce projet. Mille Mentors a démarré il y a 2 ans sans autre but que d’être un terrain pour explorer des sujets qui me passionnent et partager mes apprentissages. Je sais maintenant quelle offre je veux créer, et comment je compte monétiser un jour tout le temps que ça me prend. Mais, pour y arriver, j’ai encore beaucoup de travail, que j’ai du mal à faire avancer tant que Goood n’a pas opéré son virage stratégique. 

Bref, quand je fais le bilan des derniers mois je n’ai pas l’impression d’avoir de résultats probants malgré une charge de travail importante. Ça patine à droite comme à gauche. C’est décourageant. 

Ne pas oublier la « big picture »…

Dans ces moments là, j’ai besoin de reprendre un peu de hauteur.

D’une part je sais, intellectuellement, que c’est normal de traverser ce type de phases. 

Quand on engage un projet de long terme, comme construire une route de 100 km, et qu’on avance de 1 km par semaine, les premiers mois sont exaltants. On voit le projet avancer jour après jour et le résultat prendre forme. L’autre bout de la route est sympa aussi. Quand on touche au but, on mesure le peu qu’il reste à parcourir et on le voit réduire chaque soir. Mais quand on est en plein milieu du parcours, qu’on ne voit pas encore la ligne d’arrivée et qu’on a perdu de vue son point de départ, c’est difficile : même si on a su garder son énergie et qu’on progresse toujours d’un kilomètre par semaine, la différence entre 55 et 56 km semble dérisoire. Chaque jour d’effort ne nous fait avancer que d’un petit pourcent. C’est là que la motivation est difficile à trouver. 

Je le sais. Et je sais aussi que ce qui compte c’est de ne regarder que le progrès de chaque jour, de substituer la satisfaction de tenir son rythme d’effort à celle d’en voir les résultats.

Mais, bon, entre le savoir et le ressentir …

Et regarder derrière soi

Il y a une deuxième piste, pour relever la tête : revenir en arrière. En réfléchissant à cette chronique j’ai eu envie de mesurer le chemin parcouru en un an. Ça m’a permis de constater tout ce que j’avais pu produire ou réaliser. J’ai pu mesurer à quel point la situation de mon entreprise a évoluée, me rassurer quand à la pertinence de notre stratégie en revoyant les questions que l’on a résolues. Voir les 56 km déjà construits, et pas seulement les 2 derniers kilomètres.

En relisant mes notes de l’année dernière j’ai aussi pris conscience d’un truc étrange : j’étais exactement dans le même état d’esprit à la même période l’an dernier.  Plus que celle des bilans, je me demande si cette période n’est pas chez moi celle du découragement. 

Dans mon cas c’est pas grave car je déteste vivre cela et ça m’amène généralement à faire des changements pour retrouver de l’énergie. 

Mais je me dis que je ne suis peut-être pas seul, que vous traversez peut-être une phase similaire ou que vous avez peut-être à composer avec un collègue ou un collaborateur qui est tenté de baisser les bras.

Comment gérer le coup de mou ?

Je me suis demandé ce que j’aurais dit à un alter égo que je coacherais ?  

Trois choses :

D’abord ce que j’évoquais plus haut : s’attacher à l’effort renouvelé plus qu’aux résultats. C’est un peu comme dans un régime. On sait d’avance qu’on va traverser des paliers, ces phases plus ou moins longues où la balance ne bouge plus. On est facilement tenté, dans ces cas là, de relâcher son effort alors que le palier sera d’autant plus court que, justement, on ne lâche rien. 

Ensuite de se trouver un partenaire de progression, quelqu’un avec qui on peut partager ce qu’on fait et ce qu’on vit. Peu importe que ça soit votre associé, votre manager, votre conjoint ou votre copain-avec-qui-je-courre-le-week-end. S’il, ou elle, fait bien son job, votre «buddy» va faire deux choses : nous écouter et nous obliger. Nous écouter car on a tous besoin de râler, de se plaindre et que les situations sont moins dures quand les difficultés sont reconnues. Et nous obliger à ne pas en rester à la plainte mais à agir. Car ce n’est qu’en agissant que les projets avancent. Avoir un-e partenaire à qui l’on rend compte de ses actions et de ses résultats, c’est aussi un outil puissant pour ne pas abandonner en route. 

Enfin de ne pas prendre de décisions structurantes quand on est au fond du trou de motivation. Pour ma part, je vais profiter des vacances pour me reposer et me ressourcer. Et je déciderai à la rentrée des changements que je veux faire pour que 2024 soit mieux que 2023. 

(PS: et d’ailleurs, je compte sur vous pour répondre à ma petite enquête 😉

Pour aller plus loin:
  • Un article : la réflexion stratégique peut-elle vous aider à clarifier ce qui compte vraiment pour vous, au travail comme dans la vie ? Dans la Harvard Business Review, un article a attiré mon attention cette semaine. Le texte explore l’utilisation de la pensée stratégique pour se créer une vie riche. Il propose un processus en sept étapes pour définir ce qui compte le plus pour nous, établir un but et une vision, évaluer comment on investit son temps et son énergie, apprendre des meilleures pratiques et faire des choix pour vivre une vie épanouissante.
    Use Strategic Thinking to Create the Life You Want 
     
  • Un livre : l’art de la niaque. Derrière ce titre un peu pourri et sa couverture très feel-good-new-age-fuyez se cache la traduction française de «Grit», l’ouvrage de référence d’Angela Duckworth qui a consacré sa carrière de chercheuse aux racines et aux effets de la persévérance. 
    L’art de la niaque: Comment la passion et la persévérance forgent les destins 
     
  • Un autre livre, épuisé, qu’il faudra emprunter ou trouver en occasion. Le dip parle justement du creux de motivation quand on rentre dans le dur des apprentissages ou du projet. Il est sympa, facile et rapide à lire… mais introuvable. J’ai acheté le mien 10€ à l’époque, on le trouve maintenant à plus de 40€, c’est honteux. Sinon, lisez-le en anglais.
    Le DIP – Un petit livre qui vous enseignera quand renoncer (et quand persévérer) 

Ce texte a été originellement publié dans L’hebdo de Mille Mentors, le petit mail qui fait du bien le dimanche soir : une réflexion comme celle-ci, inspirée par l’actualité de la semaine, puis quelques pépites relevées dans ma veille et une pastille détente. Pour en profiter chaque semaine en avant-première, abonnez-vous.

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