Les émotions au travail : un combat intérieur
Les émotions c’est un truc compliqué pour moi et ça m’a pas mal pourri la vie, notamment au boulot.
Cela dit, j’ai récemment repéré que, au fil du temps, j’ai développé des stratégies assez efficaces pour « faire avec ». Par exemple, la peur. Du coup je me suis dit que ça pourrait t’être utile, à toi aussi.
Mais reprenons au début.
Je ne suis pas trop à l’aise avec les émotions. Je ne peux pas les contrôler, et quand je n’arrive plus à les tenir à distance, elles ont tendance à prendre la main, « à l’insu de mon plein gré » comme aurait dit l’ami Richard dans les Guignols.
Il y a sans doute plein de gens pour qui ce n’est pas le cas, qui ont une bonne maîtrise de leurs émotions, mais, moi, ça m’a longtemps joué des tours.
J’étais tellement coupé de mes émotions, tellement bien au chaud réfugié dans ma petite boîte crânienne – tout dans le mental rien dans le corps – que je ne voyais pas arriver le moment où la rivière débordait et faisait sauter les plombs. Ensuite, généralement, rien. Le blanc. Je me figeais et, après coup je ne me souvenais plus de rien.
Du coup je m’en méfiais,
et du coup je les ignorais,
et du coup le problème perdurait.
Je t’épargne le chemin qui, en passant par la méditation et la psychanalyse notamment, m’a permis une certaine reconnection mais toujours est-il qu’aujourd’hui, ça va mieux.
De la peur à l’expérimentation : accepter et agir
Attention, je ne suis pas un modèle de conscience de soi, ni d’intelligence émotionnelle. Mais je gère mieux. J’ai plus facilement conscience des réactions dans mon corps, des signaux émotionnels et j’accepte plus facilement ma colère, ma peur, ma tristesse… etc.
Enfin, quand je dis j’accepte …
Pas toutes les émotions.
La peur c’est une émotion particulière chez moi : c’est l’émotion que je ressens probablement le plus et c’est celle que j’aime le moins.
La colère et la joie ça me met en mouvement.
La tristesse j’aime bien (un peu) : ça a quelque chose du cocooning de s’autoriser à être triste.
Mais la peur c’est autre chose.
J’aime pas ça, avoir peur. Ça empêche, ça diminue, ça éteint.
Pourtant c’est un signal intéressant : ça montre qu’il y a quelque chose à perdre, quelque chose qui a de la valeur, de l’importance.
Si j’ai trop souvent peur c’est sans doute que j’accorde sans doute trop d’importance à trop de choses.
Mais j’ai un TRUC pour contourner la peur.
Un truc magique.
Et qui marche aussi bien pour affronter mes peurs que pour aider les autres.
Ça tient en un mot : EXPÉRIMENTATION
L’expérimentation, antidote naturel à la peur
Peur de lancer un blog ? Je peux faire une expérimentation et voir ce que ça donne si je me donne comme objectif d’écrire 2 articles par mois pendant quelques mois.
Peur des conséquences si je réorganise la DSI en mode produit ? Je peux faire une expérimentation sur une ligne produit voir ce que ça donne, où sont les avantages et les difficultés.
Peur de donner plus d’autonomie aux commerciaux ? Et si j’expérimentais un cadre limité dans le temps et les montants pour voir ce qui se passe ?
Quand je dis que c’est magique, c’est pas une blague.
Parce qu’une expérimentation c’est pas engageant, donc ça donne beaucoup de liberté.
Si je dis « je lance mon blog », « on passe en mode produit », « les commerciaux vous êtes autonomes sur les propales », je prends des engagements sans maîtriser ce qui va se passer.
Et faire un chèque en blanc à l’avenir ça fait peur.
Donc je passe en mode protection, en mettant 20 couches de précautions ou, plus sûrement dans mon cas, en différant indéfiniment le passage à l’acte.
Une approche concrète pour transformer la peur en mouvement
Alors que, lorsque je lance une expérimentation, le risque est beaucoup plus petit.
D’abord c’est forcément bordé dans le temps et dans l’étendue.
Et, surtout, une expérimentation c’est d’ores et déjà annoncé comme un truc qui peut ne pas bien se passer.
Je ne mets pas du tout mon image de moi en danger avec une expérimentation comme je le ferais avec une décision qui tournerait mal.
Je peux même, dans le doute, ajouter une couche de sur-précaution pour mon ego : « je ne suis pas certain que ça soit pertinent dans mon activité de tenir un blog mais je lance une expérimentation sur 6 mois, on va voir ce que ça donne ».
Que j’arrête ou que je continue, que je réussisse à produire les articles ou pas, je serai toujours à l’intérieur du cadre défini pour l’expérimentation.
Et j’aurai dans tous les cas réussi (mon expérimentation) : que ça donne quelque chose de positif ou négatif, on a bien mené à terme notre test, on a réussi à apprendre.
De la peur à l’expérimentation : un levier pour les décisions courageuses
L’expérimentation c’est un peu la période d’essai des décisions courageuses, celles qui font peur.
J’aurais même tendance à penser que, plus la décision fait peur, plus elle doit mettre en jeu quelque chose d’important, et donc plus ça vaut la peine de tâter le terrain de l’autre côté de la décision avec une petite expérience.
Ça serait quand même idiot de ne pas y aller alors que les résultats s’annoncent incroyables ou, au contraire, d’y aller et de regretter.
Penses-y la prochaine fois que tu passeras ta liste d’envies en revue et que tu regarderas ce projet ou cette décision que tu remets sans cesse à plus tard : qu’est-ce que tu pourrais expérimenter pour voir ?
[ Fun fact : j’ai écrit cette chronique le week-end dernier et, entre temps, j’ai lu «Before the Exit» de Dan Andrews, un entrepreneur qui a regretté d’avoir vendu son business. Il suggère, avant de prendre cette décision, d’expérimenter quelques mois la vie d’après, pour voir. Comme quoi… ]