Accueil » Blog » Le vrai “Pourquoi” que votre équipe attend

Le vrai “Pourquoi” que votre équipe attend

Ne commence pas par le « Pourquoi »… du moins, pas celui-là

Est-ce que tu veux un conseil ?

N’écoute pas ce qu’on dit partout. Ne commence pas par le Pourquoi

Ou alors, commence plutôt par L’Autre Pourquoi.

Simon Sinek a eu beaucoup de succès avec son « Start With Why » (Commencez par le Pourquoi, en français) mais je crains que ça crée surtout de la confusion.

Pour celui ou celle qui, comme nous, veut entraîner les autres dans un projet collectif, ça paraît naturel d’expliquer les raisons qui le motivent. Et c’est sûrement la meilleure manière de donner du sens, non ?

En fait, je crois que c’est surtout satisfaisant pour notre ego. 

Quand je parle de moi, de ce qui m’anime, je donne à voir mes raisons, altruistes ou militantes. Et je m’affiche même comme quelqu’un de rationnel dont les ambitions un peu folles sont étayées par des raisons de bon sens.

Mais est-ce que c’est nécessaire ? Est-ce même utile ? 

Au risque de te choquer je dirai que, pour l’équipe qu’on cherche à emmener quelque part, les raisons qui t’animent ne sont finalement pas si importantes que ça.

Le vrai pourquoi n’est pas celui qu’on croit

Si tu ne donnes pas ton pourquoi, dans le meilleur des cas on te créditera d’être rationnel·le et sensé·e et on imaginera qu’il y a une bonne raison même si on ne la voit pas. Dans le pire des cas on se dira que c’est une lubie du/de la chef·fe mais, comme c’est la cheffe …

Si tu as été salarié·e avant de devenir entrepreneur·e, essaye de te souvenir du pourquoi de tes patrons… Ça t’as marqué·e ? Pas moi. Et pourtant ça ne m’a pas empêché d’être un contributeur engagé et performant.

Ce qui compte, au quotidien, c’est pas tant de savoir d’où vient cette idée que de savoir si je me rapproche de l’objectif ou, plus exactement, de savoir, quand j’ai le choix entre deux options, quelle est celle qui va dans la bonne direction. 

Et pour faciliter la reconnaissance du bon embranchement, les conditions de succès sont plus utiles que les motivations à l’origine du projet.

Prendre les bonnes décisions : plus de clarté, moins de justification

Dans un algorithme de recherche on appelle ça une « fonction de valeur » : une règle qui, entre deux options, indique celle qui offre la meilleure position ; ça peut être celle qui laisse le plus de choix, celle qui coûte le moins cher, celle qui minimise les risques à moyen terme … 

Pour nos objectifs c’est pareil : tu expliques à tes équipes qu’on doit doubler le CA, ok. Mais, tant que ça n’est pas réussi, est-ce qu’il vaut mieux privilégier un client fidèle à faibles marges ou un contrat one-shot mais très rentable ? 

Pour le savoir, il faut changer de « Pourquoi ».

Car, oui, il y a deux « Pourquoi ? »

Deux façons de dire « Pourquoi ? » : et une seule qui compte vraiment

Fais le test, et écoute le dialogue entre un adulte et un enfant : « Dis Papi, pourquoi il pleut ? »

Papi va généralement comprendre la question comme « Pour quelle raison pleut-il ? » et va expliquer à l’enfant d’où vient la pluie.

L’enfant va alors vouloir comprendre « et pourquoi les nuages sont plein d’eau ? » puis « pourquoi l’eau monte quand il y a du soleil ? »… c’est sans fin. On n’épuise jamais le pourquoi des enfants. 

Sauf si, à la question « Pourquoi il pleut ? » on répond « Pour aider les fleurs à pousser ».

Car « pourquoi ? » peut aussi se comprendre comme « Dans quel but ? ». 

Pour que les équipes avancent : donner le cap, pas les raisons

Observe la différence :

« Pourquoi tu veux que j’achète un moka au marché ? » 
– v1 (pour quelles raisons ?) : parce qu’il n’y en avait plus à la boulangerie et que je n’ai pas le temps d’aller ailleurs
– v2 (dans quel but ?) : pour faire plaisir à Pierre qui adore les desserts au café

La première version du pourquoi nous donne une information doublement inutile : d’une part, les raisons pour lesquelles tu veux que j’achète un gâteau m’invitent surtout à débattre de tes raisons au lieu d’agir et, d’autre part, elles ne me donnent pas les éléments nécessaires pour prendre les bonnes initiatives s’il n’y a plus de moka au marché. 

Au lieu d’expliquer à nos équipes pour quelles raisons on met en place tel objectif ou telle stratégie, au lieu d’utiliser le « Pourquoi v1 » et de se justifier, donc, nous devrions plus souvent utiliser le « Pourquoi v2», l’impact recherché.

Le vrai pourquoi : un guide pour agir, pas pour convaincre

Quand tu fixes un objectif, quand tu donnes une consigne, souviens-toi de ceci : préciser les conséquences ou les bénéfices que tu vises au travers de ta demande ou de ta stratégie donnera au moins autant de sens que tes motivations, et sera plus actionable.

Ça évitera que l’objectif précis devienne une fin en soi, et ça permettra à chacun d’évaluer si ses actions vont dans le bon sens, c’est-à-dire le rapprochent des effets ou des bénéfices que cet objectif ou ce projet doit apporter. 

Alors, arrête d’expliquer pourquoi, ou alors écris-le en deux mots : on vise cet objectif pour… quoi ? 

Retour en haut